La petite histoire - Vafilo

Dans le monde de Feu, dans celui du souffre et des braises, il n’y a qu’une
règle pour survivre : ne jamais se poser au sol de l’extérieur.

Vafilo vivait dans une grotte creusée il y a des siècles par ses ancêtres, à
l’intérieur d’un volcan. Quand il entrait en éruption, Vafilo et sa famille volaient
en cercle au-dessus de la lave, invisible des humains grâce à leurs bois qui leur
permettaient de se fondre dans la nature sauvage des flammes et de la lune.
De toute façon les humains ne regardaient plus le ciel. C’était la
malédiction du XIXème siècle.

Quand le volcan s’apaisait, Vafilo, ses deux sœurs et leur mère creusaient la lave
noire sans ressentir la moindre brûlure et se réfugiait dans leur grotte
agréablement chaude comme on se glisse dans un bon bain.
Leur père partait systématiquement chasser à chaque nouvelle éruption. Il
allait à l’extérieur et Vafilo était pressé de fêter ses cent éruptions pour devenir
majeur et enfin aller à l’extérieur.

Le temps passa et s’écoula entre exercices de hautes voltiges et sommeil
profond. Une sieste de Vafilo pouvait durer dix ans.
Enfin, une nuit, il entendit le grondement caractéristique dans les entrailles du
volcan.

Enivré par un profond sentiment de liberté, Vafilo activa ses bois et jaillit
dans le ciel. Une joie, un bonheur, un enthousiasme démesuré l’enivrait. Il partit
avec son père en direction de l’extérieur et sentit le goût du sang dans sa bouche
à l’idée de ramener à ses sœurs sa première proie.

Pourtant, au fur et à mesure qu’ils progressaient dans l’extérieur, Vafilo était de
plus en plus effaré. Il n’y avait plus un seul arbre, plus un seul buisson, plus une
seule fleur, plus une seule proie. Il se posa sur une piste noire mais quand il
commença à creuser il s’aperçut que ce n’était pas de la lave. Son père atterrit à
côté de lui et pose sur son fils un regard d’une infinie tristesse.

-C’est le travail des humains Vafilo. Ils ont tout rasé pour créer leurs chemins et
les cubes dans lesquels ils vivent. Tu as dormi trop longtemps fils. L’humain a
tout détruit. Allons plus à l’est là où ils restent encore des forêts.

Vafilo suivit son père mais tout bonheur avait disparu en lui. Il ne pouvait
que regarder kilomètre après kilomètre les ravages de l’homme.
Ils rentrèrent deux jours plus tard et Vafilo regarda le ciel.

Heureusement elles, les étoiles, n’avaient pas disparu et il respira profondément
l’air nocturne et contempla l’immensité de l’univers au-dessus de sa tête pendant
un long, très long moment.

Quand la boule de feu apparut à l’horizon il se posa, roula sur le dos et
contempla le monde.

Texte écrit par Sarah, qui publie bientôt un recueil de nouvelles ! Retrouvez ses réseaux et les préventes de son livre juste ici :

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